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2e présentation : Vincent Calay (ULB-GRAP)


Vincent Calay est chercheur à l’Université Libre de Bruxelles. Politologue et géographe, il est membre du Groupe de Recherche sur l’Action Publique (GRAP) à l’Institut de Sociologie.

Diversité des publics et espaces publics pluriels

Dans le cadre d’une étude réalisée par le bureau d’urbanisme MSA, Vincent Calay a effectué une analyse spécifique des usages de l’espace public de l’hypercentre de la commune de Molenbeek-Saint-Jean. Cette analyse s’inscrit dans une dynamique de développement, à plus long terme, d’un schéma directeur pour l’aménagement d’espace public à Bruxelles.

La Place Communale de Molenbeek-Saint-Jean est au centre de l’activité diurne dans la partie centrale de la commune. Les espaces publics y sont relativement restreints et fortement dispersés. Les enjeux d’aménagement de ces espaces sont d’autant plus importants qu’il s’agit d’espaces extrêmement sollicités, vu la densité et la jeunesse de la population. En effet, 21 000 habitants au kilomètre carré vivent dans ce quartier, soit trois fois plus qu’en moyenne régionale de Bruxelles-Capitale. Les groupes de personnes âgées entre 15 et 30 ans y sont surreprésentés.

Au début du projet, une série de tables rondes a été organisée par le bureau d’étude. Celles-ci portaient sur la jeunesse et la cohésion sociale, la sécurité, le commerce et la mobilité et visaient à faire un brainstorming sur les différents enjeux qui sont liés au réaménagement des espaces publics au centre de la commune. Ensuite, la question était de savoir quelles solutions urbanistiques l’on peut trouver aux problématiques qui ont été dégagées.

Lors des tables rondes, les participants ont identifié comme enjeux importants le réaménagement du Parc Bonnevie, des voiries et de la Place communale. Ils ont souligné l’impact très important du marché hebdomadaire sur l’aménagement de la place, concernant entre autre la largeur des voiries, la hauteur des trottoirs, la présence de bancs public, les places de parking et les terrasses de cafés. Le problème principal qui se pose par rapport à la desserte du centre de la commune est la dépendance à l’automobile, parce que de nombreux habitants de Molenbeek-Saint-Jean ont des difficultés à se rendre au centre de la commune et sont tributaires de l’automobile.

Les différentes actions qui peuvent être entreprises pour aménager l’espace ont été schématisées en évaluant leur impact sur l’homogénéité de l’usage de l’espace public et sur la mixité sociale qui s’y développe. Par exemple, la station de métro Comte de Flandre semble être un espace public potentiel, actuellement sous-exploité. L’animation de la station en tant qu’espace public peut stimuler la mixité sociale de son usage. Le Parc Bonnevie est déjà un espace qui accueille un public très hétérogène. En revanche, les terrasses de café étaient vues comme étant très homogènes au niveau des usagers.

En conclusion, l’espace urbain est complexe, hétérogène et pluraliste. Or, à l’heure actuelle, il manque des outils qui permettraient une reconnaissance de ces qualités. L’aménagement urbain et la planification urbaine peuvent mettre en place de tels outils. Mais les aménageurs qui portent cette approche-là se voient souvent confrontés à une action urbaine qui provient d’administrations cloisonnées, peu ouvertes aux croisements et aux rencontres.